La crise automobile, et les réponses à y apporter, sont l'opportunité de faire avancer, concrètement, la transformation écologique et sociale de la société française, et européenne. Voici la position d'EELV sur le plan automobile du gouvernement, que nous soutenons, mais que nous appelons pour autant à être suivi rapidement de mesures plus profondes et structurelles.

 

Plan automobile : quelles solutions pour le présent, quelle vision d’avenir ?

Europe Écologie Les Verts a examiné le plan de relance pour l’industrie automobile présenté le 25 juillet par le Ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg. Les écologistes rappellent que l’urgence de la mobilisation pour sauvegarder au mieux les emplois de cette filière, ne doit pas faire oublier qu’il est tout aussi urgent de changer le logiciel d’analyse de la crise qui frappe ce secteur.

Le plan automobile du gouvernement a le mérite de ne pas passer sous silence la responsabilité majeure de décideurs industriels et financiers et leurs erreurs stratégiques, essentiellement liées à une politique à courte vue portée par la seule logique de profitabilité rapide. Il a également la vertu de souligner les enjeux d’avenir qu’affronte le secteur automobile, en engageant les acteurs de l’industrie et de la recherche à investir durablement dans des véhicules moins consommateurs d’énergie, dans un contexte de crise durable des ressources.

Cependant, ce plan manque singulièrement d’ambition.

Sur les mesures immédiates, l’accent est mis sur les véhicules électriques. Or, si l’on considère leur part réelle – 0,2% du marché en 2012 – et les très nombreuses difficultés liées à cette technologie qui en limite la commercialisation de masse, il est fort peu probable qu’une sortie rapide de crise passe par cette seule option. Il est absolument indispensable de concentrer aussi les efforts sur l’efficacité des voitures thermiques, comme le font les autres nations productrices de véhicules – Japon et Etats-Unis en tête -  en précisant que le diesel, spécialité revendiquée de PSA et subventionnée de manière continue par l’état français, ne peut constituer une alternative puisqu’il est classé par l’OMS comme substance cancérogène pour l’homme, et que de nombreuses villes commencent à l’interdire.

Par ailleurs, le bonus-malus seul est insuffisant pour transformer la filière automobile sur le long terme et assurer aux salariés la pérennité de leurs emplois.

Ce plan manque en fait d’une analyse en profondeur et d’une prise de conscience de la problématique profonde qui n’est pas tant celle de l’industrie automobile, que celle de la civilisation de l’automobile. C’est l’ensemble du secteur des transports et de la mobilité qui doit être repensé et c’est là que doit s’engager la transition.

Les solutions d’avenir passent par une concertation avec les collectivités territoriales, les villes, les régions pour redéfinir les priorités et les investissements. Ainsi, les mesures gouvernementales de soutien de la recherche et développement sont bienvenues, mais il importe de leur donner une impulsion suffisamment forte et large pour qu’elles permettent de vraiment réinventer cette industrie, autant dans l’exploitation de technologies innovantes (hydrogène…) que dans l’exploration de nouveaux modes de mobilité qui engagent des révolutions sociales, mentales autant qu’économiques : transports collectifs, services de mobilité, automobiles partagées, réduction des besoins de déplacements, aménagement du territoire…

Pour EELV, il y a urgence au parler vrai et à la projection dans l’avenir. L’industrie automobile ne retrouvera plus au XXIe siècle ses heures florissantes d’hier, et il importe de s’y préparer et d’accompagner les travailleurs de ce secteur à ne pas subir en victimes cette mutation. Il faut au contraire mobiliser les enjeux du développement économique, de la formation professionnelle et de la R&D – et ce au niveau européen car il est clair que les seules velléités françaises ne résisteront pas aux règlements communautaires.

En se refusant à cette analyse, en ne conditionnant pas de manière intelligente et claire les aides publiques, l’état prend une nouvelle fois le risque de faire vivoter sous perfusion publique une filière industrielle, tout en sacrifiant à coup sûr ses salariés.

Le temps n’est plus aux rustines couteuses, mais à une mobilisation générale pour la conversion de ces métiers et de ces savoir-faire vers les nouveaux enjeux et les nouveaux modes de la mobilité. Cela constitue la seule chance de donner un avenir durable à ce secteur.

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