Emploi/formation : voilà un des enjeux majeurs de la présidentielle à venir, et plus encore des combats politiques de fond que nous devons gagner. Si nous sommes capables de changer la matrice de création et de rénovation des emplois, appuyés en particulier sur le système de formation, nous engagerons concrètement la transformation économique. Je porte ces thèmes depuis longtemps, et j'aurais l'occasion de le faire encore très souvent dans les mois à venir, puisque Eva Joly a désiré que je sois le référent emploi / formation de sa campagne…

"Les politiques territoriales de l'insertion et de l'emploi" : c'était le thème de la table ronde à laquelle je participais à Rennes de vendredi 9 décembre, aux côtés de représentants d’autres candidats à la présidentielle du PS, de l’UMP et du Modem. Organisée dans le cadre des Rencontres nationales de l'Alliance Villes Emploi, cet après-midi de débat a été fort intéressant. J'ai pu y proposer la vision originale que les écolos sont en train de développer en matière d'emploi et de formation, vision à laquelle je peux apporter ma pierre, appuyé sur une bonne quinzaine d'années d'engagement en ce domaine, mais également et surtout dans l’économie sociale et solidaire, dont ces derniers mois en tant que Vice-Président de la Région Pays de la Loire en charge de ces thèmes.

Une campagne enthousiaste

On imagine donc combien je suis enthousiaste de pouvoir contribuer à la campagne présidentielle d'Eva Joly, de pouvoir nourrir ses argumentaires, et donc de pouvoir continuer à tracer le sillon politique qui m'importe : celui de l'invention d’un nouveau modèle de développement, plus solidaire, plus coopératif, avec la préservation des espèces humaine et naturelles au cœur.

Sans vouloir résumer le débat de vendredi, voici en quelques points ce que j'ai pu y développer, des thématiques sur lesquelles je reviendrai dans les semaines à venir avec des propositions concrètes.

Une ambiguïté persistante

La compétence Emploi est depuis des années non déléguée aux collectivités territoriales mais, du fait de la situation économique et sociale de notre pays, elles se voient contraintes de l’exercer dans un partenariat de dupe avec l’Etat, tant il y a de moins en moins de ressources affectées par les gouvernements successifs au service public de l’emploi, la situation de Pôle Emploi en est le cruel symbole. Il faut donc revoir le cadre d'exercice de cette politique publique emploi/formation, en commençant par abroger la réforme territoriale et engager une étape nouvelle et décisive de la décentralisation. Cela aboutirait à donner aux Régions le rôle de chef de file d'une compétence de droit "Développement économique, emploi, formation", basé sur un système de compétences partagées avec les intercommunalités. Cette réforme consacrerait le couple Région/Intercommunalités avec une certaine pertinence territoriale, mais nécessiterait bien sûr le rétablissement d’une fiscalité directe pour les Régions afin qu’elles aient les ressources nécessaires pour répondre à cette ambition.

Des Maisons de l'Emploi et du Développement Local

La compétence emploi doit donc être territorialisée en s’appuyant sur les dynamiques partenariales existantes entre les différentes parties prenantes, Etat, Collectivités territoriales, partenaires sociaux, acteurs économiques. Ces démarches déjà existantes sur la plupart des territoires (196 maisons de l’emploi actuellement sur le territoire) seront renforcées et en fonction des besoins des Maisons de l’Emploi et du Développement Local virtuelles ou réelles seront labellisées, basées sur une mutualisation des démarches et des fonctions entre les différents acteurs. On peut imaginer que se généralise ce qui existe sur certains territoires, à savoir le regroupement de certains outils ou structures comme les Maisons de l’Emploi et les Missions Locales, tout ceci en cohérence de territoire et de répartition de missions avec Pôle Emploi afin d’améliorer l’efficacité et l’accès du service aux usagers. Par ailleurs, un lien plus fort et établi avec les dynamiques d’acteurs de l’ESS nous paraît incontournable. En ce sens, nous soutenons sans réserve la proposition du « Labo de l’Economie sociale et solidaire » de créer des Pôles Territoriaux de Coopération Economique, véritables alternatives aux actuels Pôles de Compétitivité.

Un service public rénové

Il nous faut donc aller vers un véritable service public de l’emploi territorialisé, en cohérence avec la politique nationale, avec un rôle clarifié (compétences et moyens) de Pôle Emploi, en posant la question cruciale de l’orientation et la formation tout au long de la vie.

Un levier pour l'emploi durable

Pour accompagner la transformation écologique et sociale de l’économie et en faire un véritable levier pour l’emploi durable, une des priorités réside dans le fait d’engager un dialogue avec les branches professionnelles pour accompagner en priorité la transformation et l’évolution des secteurs suivants : industrie (diversification), bâtiment (cf actions menées / bâtiment durable), agriculture, services de proximité, services à la personne, économie numérique. Ce sont potentiellement à échéance 2020, 600 000 créations d’emplois nettes. Les démarches de Gestion Territorialisée Emploi Compétences (GTEC) qui se développent actuellement sur certains territoires devront être généralisées et dédiées à l’accompagnement cette transformation profonde des modes de production et de consommation pour les filières concernées comme pour les hommes et les femmes, en priorité les plus éloignées de l’emploi.

Une économie du lien

Emploi/formation : voilà en conclusion un secteur où l'écologie pourra démontrer en quoi elle est différente, comment elle ne se contente pas de la seule réparation sociale ou du soutien d’une économie à deux vitesses mais où elle met l’homme au coeur. Nous avons l'ambition de remettre en cause, profondément et durablement, les politiques de développement économique actuelles. La transformation écologique et sociale de l’économie est un horizon incontournable mais aussi positif, pour les grandes entreprises notamment industrielles et pour tout le tissu des PME-PMI, permettant une action de fond au bénéfice des territoires où se relocaliseront des activités et des emplois. Une économie de circuits-courts, géographiques et relationnels… Nous privilégions clairement le soutien à une économie du lien plutôt qu’à une économie exclusivement des biens.

Et pourquoi ne pas inscrire, plutôt qu’une « règle d’or », l’impératif de développement d’une économie verte et solidaire dans la Constitution de notre République.

Dans quelques jours, la vidéo et les actes des rencontres nationales d'Alliance Ville Emplois seront disponibles sur le site ici.

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