22 Jan 2021
Danser avec le chaos

En ce début d'année, j'ai été fortement inspiré par l'expression "danser avec le chaos", tirée du titre d’un livre de Jean-François Vézina, psychologue québécois. "Danser avec le chaos", pour moi, c’est accepter l’inattendu, l’inconnu ; pour le thérapeute que je suis, c’est accepter de ne plus savoir, de co-errer avec mon patient plutôt que de rechercher la cohérence tout le temps et à tout prix. La crise que nous traversons nous donne encore plus qu’avant cette opportunité d’aller explorer ce chaos intérieur en résonance avec celui que nous vivons à l’extérieur...  et finalement d’en ressortir encore plus vivant.

2020, année bissextile, s’est avérée être une année véritablement exceptionnelle.

Il y a tout juste un an, nous entendions parler d’un virus lointain se développant dans une ville chinoise, Wuhan, qui semblait bien agressif et faire des ravages "là-bas". Nous l’observions du coin de l’œil, persuadés qu’il ne viendrait pas jusqu’à nous. En février, il touchait de plein fouet l’Italie, et nous restions persuadés qu’il ne passerait pas la frontière.

Comment avoir pu imaginer cela à l’heure de la mondialisation des échanges et des personnes ? Le virus était déjà là dans notre pays, dans toute l’Europe, à travers le monde. Nous avons traversé l’année 2020 avec lui, et, sans doute, nous tiendra-t-il encore compagnie une bonne partie de l’année 2021.

Appréhender le chaos extérieur pour retrouver l'élan vital à l’intérieur

À coups de confinements, déconfinements et reconfinements, couvre-feu, "mesures barrières" qui deviennent des gestes sociaux déjà ancrés dans nos êtres au monde, nous sommes tous touchés par cette crise sanitaire qui affecte le monde entier en quasi-simultanéité. Elle fait souffrir beaucoup d’humains sur notre planète et creuse encore plus le fossé des inégalités.

Il ne s'agit pas de faire ici une analyse de l’année écoulée, ni une critique de nos gouvernants, experts et "sachants", mais d'exprimer, humblement, mes ressentis et vécus d’homme, de citoyen et de thérapeute…

Je ressens en effet la nécessité de faire face à ce chaos extérieur, de l’appréhender ou d’aider à l’appréhender, de telle façon que nous puissions "(r)éveiller nos consciences" et faire confiance à notre élan vital à l’intérieur.

Le révélateur d’un modèle de civilisation qui va dans le mur

Avec un peu de recul et à travers les expériences vécues ou observées cette année, je trouve que cette crise inédite agit comme un révélateur, un accélérateur de prises de conscience d’un modèle de civilisation qui va dans le mur.

La crise sanitaire est réelle, fait évidemment réagir, mais, en profondeur, la crise est économique, sociale, environnementale et humaine. C'est la crise de tout un système.

Ce système dominant de la fin du XXe siècle et du début du XXIe, ce système qui gaspille et détruit les ressources vitales de notre planète, qui creuse le fossé des inégalités sociales entre une minorité, des très riches financièrement qui ne savent plus (ou trop bien !) quoi en faire et une majorité, des très pauvres qui n’ont plus de quoi subvenir à leurs besoins vitaux, pouvait-il se maintenir voire se développer durablement ? Assurément non, même si paradoxalement, en dépit du révélateur puissant qu’est cette crise sanitaire de la Covid, rien n’indique, à l’heure où j’écris ces quelques mots, que l’"après" sera meilleur que le présent ou le passé.

"Panser" ma place dans l’inter-relation humaine

Face à cela, nous pouvons attendre que ce changement profond soit amorcé par nos gouvernants, et suivre les injonctions exprimées "tout en haut". Nous pouvons aussi nous couper de ce système pour nous protéger et essayer la vie en autarcie, indépendamment du reste de la communauté humaine. 

J’ai choisi une voie d’équilibre, celle qui consiste à développer ma conscience, ma présence et ma connaissance de moi comme des ressources qui me permettent encore plus de penser, et même de "panser" ma place dans l’inter-relation humaine. En quelque sorte, comment renforcer mon être intérieur, personnel, intime, pour vivre le plus sereinement et justement possible mon être face à l’autre, mon être face au monde.

Tout cela part du présupposé d’une interdépendance acceptée, assumée, que je suis « Un » parmi un « Tout » et que ce « Tout » est une somme de tous ces « Uns » et que l’essentiel pour moi est de cultiver ma congruence, donc la cohérence entre mes ressentis et mes modes de faire ou d’agir pour prendre ma place dans ce système qui forme le « Tout ».

Accompagner vers un "mieux-être"

C’est cette interaction qui m’anime en tant que thérapeute, quel que soit l’environnement dans lequel j’interviens, des séances individuelles dans mon cabinet à des animations de séminaires ou accompagnements dans des collectivités, institutions ou entreprises en passant par des petites groupes ou équipes que j’accompagne vers un "mieux-être" personnel, professionnel.

Cette année 2020 a par ailleurs été l’occasion pour moi, dans ces circonstances particulières, d’écrire des articles de fond dans des ouvrages ou revues pour poser des mots, conceptualiser, prendre un recul nécessaire. J’en ai partagé deux des plus marquants avec vous : un publié dans les Cahiers du collège européen de Gestalt-thérapie, et un autre dans un ouvrage collectif intitulé Bas les masques.

Mes vœux pour 2021

Au moment de tourner la page de cette année si singulière et d’ouvrir celle de la suivante qui risque de l’être également pour partie, j’ai envie de formuler quelques vœux.

Ces vœux sont très personnels, mais j’ai la conviction que nous sommes beaucoup à les partager et à les faire vivre là où nous sommes, là où nous existons.

 

Mes vœux :

Que nous soyons de plus en plus nombreux à réfléchir et agir en conscience

Que nous apprenions à dire plus souvent « STOP » quand une situation de vie perso ou pro ne nous convient pas ou plus. Ce qui peut signifier « apprendre à dire NON pour apprendre à se dire OUI à soi-même »

Que notre société soit plus une société de la vibration et de la résonance que celle du contrôle et du pouvoir « sur ».

Qu’individuellement comme collectivement, nous animions ou produisions plus de démarches ou actions avec le lien et la réciprocité au cœur

Que prendre soin de soi soit avant tout s’accepter tel que l’on est dans sa complexité d’être humain

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